Siem Reap et les temples d’Angkor
Nous voici à Siem Reap, une étape très attendue du voyage pour deux raisons principales. La première est les retrouvailles avec Papi Jeep et Mamie Jo venus nous rejoindre pour 3 semaines au Cambodge. C’est aussi l’occasion pour les enfants de trouver un peu de points de repères et pour nous de souffler un peu, il faut le dire! On leur accorde donc une semaine de vacances scolaires pour qu’ils en profitent pleinement et nous aussi !
La seconde est les temples d’Angkor, l’une des grandes merveilles de notre monde. Imaginez des centaine de temples millénaires d’une finesse artistique et architecturale inouïe et concentrés dans un rayon de 40 kms.
De quoi vous donner le vertige et un peu mal aux pieds en fin de journée même si je vous rassure, nous avons opté pour la solution des tuk tuk conduits par deux sympathiques drivers : Quim & Quoum.
Mais ces merveilles d’un autre temps ont aussi un inconvénient, celui d’attirer les foules des 4 coins de la planète avec aux premières loges, les cars de japonais et de chinois. Forcément nous aimerions être seuls à la découverte de toutes ces richesses, même si l’étendue des sites nous laisse parfois quelques secondes de répit pour savourer la sérénité du lieu dans le recoin d’un couloir…
/image%2F1003188%2F20150206%2Fob_e20763_night.jpg)
Tout ce monde se retrouve à Siem Reap situé à 8 km des temples. Autant dire que tout le centre est entièrement réservé aux touristes que nous sommes. Nous avons l’embarras du choix pour les restaurants aux prix triplés et les multiples night market bourrés d’échoppes semblables peu attractives à nos yeux.
Il fallait s’en douter mais ce contraste artificiel avec la vraie vie cambodgienne a quelque chose de choquant. Comme si l’industrie touristique fabriquait une autre forme de colonialisme contemporain. Car on ne peut pas dire que tout le monde s’y retrouve tant le fossé qui existe entre nos sociétés capitalistes et le Cambodge à peine relevé de la dictature et de la guerre est énorme. Pour s’en rendre compte, il suffit de s’écarter du centre ville ou de s’arrêter dans des petits villages vraiment proches de Siem Reap sur la route du Tonle Sap. A voir ces cabanons en tôle poser sur de fragiles piliers et aux milieux des déchets, nous ne sommes pas sûrs que les millions de dollars déverser chaque jour à Siem Reap se répartissent équitablement. Sans parler de l’excitation incontrôlable des enfants du village à la sortie d’un petit paquet de gâteaux.
Pire ce village se trouve désormais au milieu de travaux engagés par une société privée qui construit une route payante pour permettre aux touristes d’accéder directement au Tonle Sap et aux villages flottants. L’industrie touristique, de plus en plus aux mains des chinois, apparaît sans état d’âme au point de façonner un nouveau territoire. Mais c’est aussi le cas des barrages installés sur le Mékong qui bouleverse l’écosystème du Laos et du Cambodge et plongent les pêcheurs encore un peu plus dans la pauvreté. Certes la beauté du spectacle des temples d’Angkor est saisissante tout comme les paysages du Laos mais ce qui se joue dans ces pays est navrant. Leur faiblesse tant économique que politique ne leur permet aucun rapport de force et entretient une situation de dépendance de plus en plus forte…
Difficile malgré ce contexte d’arrière plan d’échapper pourtant à l’attractivité du lieu. Pour en profiter pleinement, nous avons opté pour le pass 3 jours utilisable sur 6. Parfait pour nous, histoire d’alterner visite des temples et autres temps plus adaptés à Simon qui répète inlassablement : « Encore des temples !?! ».
Le premier jour est consacré à une grande boucle de 40 km en tuk tuk que nous nous consacrons à la visite de plus petits temples, histoire d’y aller crescendo.
/image%2F1003188%2F20150206%2Fob_f39458_jour13.jpg)
Construits il y a un millénaire , ils ont été bâtis à des périodes différentes de l’histoire angkorienne au gré des auto-proclamés rois et de l’évolution des civilisations. Chacun d’entre eux nous permet de reconstituer un petit bout de ces évolutions en découvrant des symboles tantôt Hindou, tantôt bouddhiques. Certains ne sont que des vestiges, d’autres sont beaucoup mieux conservés et nous permettent d’apprécier toute la finesse des bas-reliefs reproduisant des scènes de guerre ou et mythiques. On en fera un jeu pour les enfants devant partir à la recherche de telles et telles représentations. L’état de conservation des temples est surprenant au regard du ravage des guerres et des pillages depuis mille ans sans parler de la nature qui n’hésite jamais à reprendre ses droits. On reste ébahi derrière notre objectif et devant des fromagers centenaires dont les racines s’entrelacent entre les vieilles pierres pour ne faire plus qu’un.
On imagine aisément la surprise des explorateurs occidentaux lorsqu’ils découvrirent ces temples seulement au début de la seconde moitié du 19ème siècle. Depuis certains sont laissés à l’état brut, d’autres sont consolidés et débarrassés de la jungle envahissante.
Le deuxième jour de visite nous emmène à la découverte, entre autres, des incontournables Bayon et Angkor Vat.
/image%2F1003188%2F20150206%2Fob_773083_bayon.jpg)
Le Bayon possède un aspect unique du fait de ses tours à visage qui s’étagent et se superposent ainsi mais aussi pour ses magnifiques motifs sur les bas reliefs. Ils représentent Jayavarman VII sous son aspect divin ; pouvoir et divinité étant intimement liés à l’époque.
Angkor Vat est le plus connu et aussi le plus important temple du site. Il nous a surtout impressionné vu de loin. De près, c’est davantage la finesse des motifs sur les bas reliefs qui nous a enthousiasmé, signant ainsi l’aboutissement de l’art khmer.
La troisième journée nous conduit à 40 km au nord de Siem Reap pour un trek de 2km à travers la jungle pour découvrir une rivière au lit sculpté.
Nous faisons aussi une halte dans un centre de conservation d’animaux à proximité où nous mettrons presque 2 heures pour voir une dizaine d’animaux, ceci grâce à un guide nous expliquant dans un anglais « cambodgien » toute la vie et toutes les caractéristiques des ses animaux protégés. Initiative salutaire mais visite très gonflante (pour nous car les enfants ont beaucoup aimé) d’autant plus que le guide avait bien pris le soin de fermer la porte d’entrée à double tour, histoire de bien l’écouter jusqu’au bout.
Heureusement nous parvînmes à nous échapper histoire de profiter de notre dernière visite sous les rayons d’un soleil déclinant, le temple de Banteay Srei, certainement notre coup de coeur d’Angkor.
Entre temps, nous retrouvons Miguel et Sylvain, rencontrés au Laos avec qui nous embarquerons pour arpenter les rues aquatiques du village flottant de Chang Kneas. Du jamais vu pour nous qui nous laisse sous le charme de ses maisons simplement amarrés à des troncs plantés dans la vase du Tonle Sap. Impossible de se représenter la vie quotidienne dans un tel environnement qui vient rompre tous nos codes habituels.
Sylvain nous accompagnera également pour la visite du Banteay Srei, histoire de prodiguer quelques enseignements ornithologiques à Paul qui y prend vraiment goût. C’est vraiment sympa de pouvoir se recroiser au fil du voyage et pourquoi pas une prochaine fois à Lyon ou à Marrakech.
Nous profitons également de ces 6 jours à Siem Reap pour sillonner la ville à l’écart du centre et découvrir l’artisanat local et les senteurs d’Angkor mais surtout assister un spectacle de cirque enchanteur.
/image%2F1003188%2F20150206%2Fob_ac7db4_spectacle19.jpg)
A la base il s’agit d’un centre pluriartistique qui offre la possibilité à des enfants défavorisés de construire une nouvelle voie dans leur vie. Au final, cela donne des artistes virtuoses et sensibles nous offrant un spectacle de renommée internationale nous laissant mesurer à quel point l’histoire du pays a marqué au fer rouge plusieurs générations.