Ventiane, capitale du Laos ?
S’il fallait élire la capitale la plus sereine de la planète, Ventiane serait sur le podium. Plusieurs des touristes que nous avons croisés, y compris d’anciens expatriés ayant habité 1 an à Ventiane nous ont déconseillé d’y séjourner. Il n’y a rien ou pas grand chose à y faire si ce n’est une bonne nuit avant de rejoindre le sud du Laos. Certes, c’est un peu vrai mais pour notre part nous avons poussé le vice un peu plus loin en y restant 3 jours… et sans regret. C’est peut-être parce qu’il n’y a pas grand chose à faire que nous avons apprécié ce séjour, sorte de parenthèse nonchalante au milieu de notre périple ou simple manière de vivre à la laotienne.
Nous y retrouvons la famille frano-allemande rencontrée à Chiang Maï et revue à Luang Prabang. A chaque fois c’est la fête pour les enfants d’autant plus que notre rendez-vous a lieu devant l’aire de jeu du centre ville, face au Mékong, peut-être la seule aire de jeux pour enfants de tout le Laos !!! On prolonge la soirée dans un restaurant chinois, valeur sûre pour les enfants qui raffolent des dumpling. Nous aurons même le droit à la plus grande salle du restaurant avec son immense table circulaire à plateau tournant rien que pour nous. Trop classe !
Nous prolongeons le plaisir en passant le lendemain ensemble pour la visite du parc de Boudha assez récent (1958) mais d’une excentricité surprenante. Terrain de jeu parfait pour occuper les enfants à la recherche de mille et une divinités…
Nous en profitons également pour faire les quelques visites qui s’imposent comme le Patuxaï, le Vat Si Sakhet et encore d’autres Vat…
Mais nous avons surtout pris du plaisir à se balader sur la « grande » rocade filant le long du Mékong et fermée à la circulation le soir, pour apprécier les splendides couchers de soleil.
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Nous nous laissons porter au hasard dans le centre ville pour y dénicher le restaurant qui nous fait le plus saliver. Ventiane n’est pas forcément attractif sur le plan culturel mais il y a de quoi faire sur le plan gastronomique. Cela dit c’est surtout dans des boulangeries que nous nous attarderons le plus.
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Mais au-delà du Banneton où nous avons dégusté notre première galette des rois, ce que chacun d’entre nous retiendra de Vientiane, c’est sans doute le centre d’information des la COPE (Cooperative Orthotic & Prosthetic Enterprise), le principal fabricant au Laos de prothèses de membres, d’aides à la marche et de fauteuils roulants. Il propose une multitude de contenus pédagogiques et des documentaires sur les mines anti-personnels et leurs effets inhumains à long terme.
Nous y apprenons que le Laos détient le record du pays le plus bombardé au monde sans avoir jamais été engagé directement dans la guerre du Vietnam. Sauf que 40 ans plus tard, cette guerre continue pour les laotiens, qui comptent en moyenne 300 morts par an à cause des 3 millions de tonnes de bombes lâchées aux 4 coins du Laos (plus que le Japon et l’Allemagne réunis durant la seconde guerre mondiale).
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Ce qu’il faut savoir, c’est que le Laos était pris en étau entre les pays communistes chinois et vietnamiens et de l’autre côté, la Thaïlande sous la dépendance des américains qui avait leur base militaire à Udon Thani à 50 km de la frontière laotienne. D’après ce que j’ai pu lire, les pilotes qui effectuaient chaque jour plusieurs centaines de raids sur le Vietnam avaient pour ordre de ne jamais rentrer à plein pour des raisons de sécurité lors de l’atterrissage après avoir bombardé la piste Ho Chi Minh qui ralliait la Chine en passant par le Laos, pour ravitailler les combattants vietminh.
40 ans après le retrait des troupes, la situation reste catastrophique. Les plus touchés sont les cultivateurs qui partent chaque matin la peur au ventre de se faire déchiqueter d’un coup de bêche, risquant leur vie pour nourrir leurs familles. Le plus lourd tribut étant payé par les enfants qui, ignorant le danger, jouent avec les petites closter-bombes ressemblant à des ballons. Ces villageois sont souvent à plusieurs heures de piste du 1er dispensaire, incapable de fournir la chirurgie lourde nécessaire pour sauver les victimes.
Désormais, un travail de dépollution est engagé par le gouvernement avec l’appui de certaines ONG internationales mais tout cela coute très cher ce qui obligent beaucoup de villages à se débrouiller par eux-mêmes avec tous les risques que cela comportent. La communauté internationale s’engage également. La première réunion fondatrice des pays signataires de la convention d’Oslo sur l’interdiction des bombes à sous-munitions s’est déroulée à Vientiane au Laos du 8 au 12 novembre 2012. Celle-ci n’a pas été ratifiée par la Chine et les Etats-Unis qui donnent néanmoins 1 million de $ par an, chiffre qui reste ridicule comparé au 900 milliards de $ dépensés en pure perte durant la guerre du Vietnam…