Tad lo sur le plateau des Boloven
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Difficile de se plonger dans un autre environnement et une autre ambiance après notre parenthèse enchantée à Don Khone. Pourtant Tad lo ne démérite pas et nous conduit assez rapidement au coeur de la campagne laotienne pour goûter à la vie villageoise du Laos. Cette vie séduit de plus en plus de monde puisqu’on y retrouve quelques européens qui ont fait le choix de tout quitter pour monter leur guesthouse dans cette contrée paisible et lointaine.
Pourtant la vie peut être rude à Tad Lo et ses environs où les plantations de café sont la principale activité sans que celles-ci ne suffisent à occuper tout le monde.
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On retrouve donc encore des petits villages d’un autre temps, les villages Katu, où la subsistance grâce à la rivière nourricière est la principale préoccupation.
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Tout se passe dans la rivière où les gens se lavent, pêchent et cultivent fruits et légumes sur ses rives.
C’est aussi l’aire de jeu favorite des enfants, qui apprennent très tôt à se mouvoir sur ses rochers glissants avec une facilité déconcertante.
Néanmoins ce spectacle est un choc culturel pour nous, ébahis devant l’adresse de ces enfants et dans le même temps inquiets de les savoir seuls sans la moindre surveillance. Nous tombons par exemple sur un petit garçon âgé de seulement 10 mois. Nous sommes surpris de le voir crapahuter debout derrière son plus grand frère de 7/8 ans chargé de s’en occuper seul. Aucun obstacle n’arrête ce petit bout ni même la rivière tumultueuse où c’est la noyade garantie au moindre faux pas. Même comme par miracle, rien n’arrête sa course. Tout cela semble normal ici, peut-être encore une histoire de karma…
Notre séjour à Palemei guesthouse nous sert également de leçon. Nous y sommes chez l’habitant, dans la famille de Po qui a monté cette affaire il y a 5 ans. Tous les invités y partagent le dîner sur la même table avec la famille. C’est très sympa de partager avec les voyageurs la plupart français d’ailleurs, les soirées passent très vite. C’est un véritable festin où s’enchaîne les spécialités laotiennes aussi bonnes les unes que les autres. Chacun est invité, s’il le souhaite à oeuvrer en cuisine pour le préparer. En bon breton, nous nous sommes retrouvés à faire les crêpes y compris les gars. C’est d’ailleurs marrant de se faire rappeler la recette par un laotien…. Hospitalité et partage sont les maîtres mots pour cette famille élargie. Po nous expliquera que ce ne sont pas ses enfants, mais des petits seuls, à la dérive, abandonnés par leurs parents alcooliques, morts ou usés par cette vie de subsistance. Il s’occupe donc de 5/6 enfants qui sont la mémoire de sa propre histoire. En effet, sa mère mourut lors de l’accouchement de son frère lorsqu’il avait 2 ans car ici il n’y a pas d’hôpitaux, sans parler des conditions sanitaires déplorables. Son père, incapable de s’occuper de ses 2 enfants les abandonna suite à ce drame. Sa guesthouse n’est pas un moyen de s’enrichir mais surtout l’occasion de donner une seconde chance à des dizaines de gosses. Chapeau Po et merci de nous avoir montré à quel point le coeur laotien peut être grand !
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Ce coeur est un peu à l’image des cascades qui jalonnent la rivière. Elles sont toutes aussi belles les unes que les autres même si parfois seul un mince filet d’eau nous laisse imaginer ce que doit être le spectacle lors de la saison des pluies. Visite des plantations de café où nous retiendrons surtout le subtil goût citronné des fourmis rouges davantage que la saveur corsée de l’arabica des boloven et la balade à travers les villages et le long de la rivière seront nos principales occupations pour cette fin d’escapade laotienne.
Nous garderons également en mémoire les petites cochons qui trottent aux quatre coins des villages. Ces porcs sont un peu le service propreté et le reste des déchets est brulé en fin de journée.
Et puis il y a aussi l’image de ses femmes katu occupées à leur pipe à eau fait de bambou et de boîte de conserve et à la confection des textiles avec leurs pieds. Ceci aide peut-être cela.
Nous irons voir par 2 fois le bain des éléphants dans la rivière juste avant le soleil couchant. C’est magique de voir ces mahouts sur le dos de leurs belles bêtes, les brosser pour les laver, les éléphants entièrement plongés dans l’eau et de voir l’agilité de ces hommes et en même temps la tranquillité qui s’en dégage et l’harmonie avec ces colosses.
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Je crois que nous nous sommes très bien faits au rythme laotien qui a opéré une vraie bascule dans notre périple nous faisant passer de l’intarissable et infatigable touriste toujours plongé dans son Lonely, au paisible voyageur qui prend davantage le temps d’apprécier les choses telles qu’elles se présentent à lui. C’est peut-être grâce aux cigarettes locales (fleurs séchées de caféier) Nous zapperons même un stop prévu à Pakse pour se laisser aller jusqu’au bout à Tad Lo avant de prendre la direction du Cambodge.
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Nous y vivrons quand même quelques aventures. La première est la découverte d’une mine anti-personnelle à 1 mètre de l’escalier nous menant à l’une des cascades. Celle-ci a été déterrée 2 jours plutôt suite au déracinement d’un arbre. Seul un bout de bambou indique sa présence (sans autre indication de sécurité !) dans l’attente de l’intervention d’un spécialiste.
La seconde est notre dernière balade en taxi. Comme il y a très peu de véhicules, le tuk tuk prend le statut de taxi or celui-ci est un simple scooter auquel est soudé un bout de charrette sur son côté. Vu la taille des roues nous hésitons à grimper à 5 dedans d’autant plus que la bonne bouffe et la bière nous ont fait prendre quelques kilos. Ce qui devait arriver arriva et au bout de 10 kilomètres de piste le pneu explosa. Notre chère taxi driver au look de Che Guevara nous dit d’attendre le temps qu’elle aille faire les réparations. Sentant l’attente assez longue en plein soleil, notre impatience d’occidentaux nous poussera à lever le pouce. 1 minute plus tard, nous voilà une dizaine à bord de la charrette d’un tracteur miniature à 2 roues (comme il y en a partout ici) pour revenir sur nos pas à Tad lo.
Nous nous arrêtons quelques minutes sur le marché local où nous hésiterons à acheter une bourriche de serpents ou des brochettes de grenouille pour le déjeuner…
Histoire dramatique, vie paisible et nonchalante, femmes et hommes courageux et généreux, paysages splendides, enfants du Mékong, cascades, serpents, VIP bus « the king bus », sandwich cache qui rit… voici quelques mots qui ne font pas un bilan mais un résumé éclair de notre périple laotien de 30 jours. Un coup de coeur où l’on se dit qu’une autre vie peut facilement être envisagée ici pour celles et ceux qui aspirent à une autre vie. Ce n’est pas encore un projet pour nous mais l’objectif de revenir dans quelques années pour croiser la route de Julie, Jim, Po et plein d’autres encore.
Bye Bye Laos et à très bientôt.