A la rencontre des ethnies montagnardes
C’est peut-être l’une des premières fois du voyage que l’on se sent vraiment loin de tout, sur une terre inconnue qui nous surprend et nous émeut. Légèrement déçus par Chiang Maï, nous avions fait le choix de ne pas s’arrêter à Chiang Raï pour prendre directement la direction de la campagne montagnarde thaïlandaise afin d’aller à la rencontre des principales ethnies de la région. En fait nous avons juste fait une pause pour découvrir le surréaliste temple blanc datant de 1997 avant de rejoindre « My Dream Guesthouse » à mi-chemin entre Chiang Raï et Thaton.
My dream Guesthouse est une simple auberge qui propose des bungalows pour moins de 10€ la nuit face à la rivière Mae Kok et au milieu d’un village Karen. Le sympathique propriétaire, Nan, est lui-même un Karen et c’est avec lui que nous visiterons les villages alentours.
Une chose nous surprend à chaque fois; c’est toujours dans les contrées les plus reculées que nous entendons principalement parler français. Ce n’est pas pour nous déplaire, car cela fait du bien, surtout à l’approche du nouvel an, de pouvoir vraiment échanger.
Nous fêtons également le nouvel an à notre manière en se préparant des cocktails à base de samsong, un alcool local (qui manquait tant à Valérie qui n’aime pas la bière) et de fantas orange, frites maison et saucisses pour les enfants! Mais surtout, ce que nous retiendrons, c’est la fête pour les enfants du village près de leur petite église protestante. Nous avons même été invité à rejoindre la scène pour nous introduire, présenter notre voyage et chanter des chansons françaises. Cette petite fete animée par un jeune de la paroisse alternait prières, chants, spectacles d’enfants, de clowns, de témoignages avec distribution de bonbons!!…C’était très émouvant!! Les enfants ont su vaincre leur timidité pour jouer le jeu et nous sommes vraiment fiers d’eux. C’est aussi une manière de nous montrer qu’ils prennent goût à ce voyage.
La première journée, nous ferons le tour du village karen pour aller à la rencontre des habitants, des poules et des cochons et de leurs habitations traditionnelles en bambou sur pilotis. Nous emprunterons également un petit chemin sur lequel nous ferons demi-tour face à une course poursuite de buffles. Un peu plus loin, après l’école du village et « la petite usine à riz », nous traversons un pont suspendu en bambou (construit en 2541!) pour rejoindre un village Lahu qui nous apparaît beaucoup plus pauvre. Nan nous apprendra que celui-ci est surtout connu pour ses trafics de drogue et le meurtre de l’année précédente. On se demande bien comment de la drogue peut arriver dans un endroit pareil, mais c’est oublier que nous sommes proches du triangle d’or, historiquement connu pour ses trafics d’opium et maintenant de drogue, d’amphétamines à priori.
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Le lendemain, 1 janvier 2015 pour nous et 2558 pour les bouddhistes, nous accompagnerons Nan pour sillonner les villages aux alentours en allant à la visite d’une ethnie chinoise, d’un autre village Lahu, d’un village Karen et d’un village Akha en passant par de belles cascades pour finir par un petit bain dans des sources d’eaux chaudes.
Toutes ces ethnies ont le niveau de vie le plus bas de Thaïlande. C’est un choix qui renvoie aux modes de vie traditionnels et l’idée de s’émanciper de la société de consommation. Mais c’est aussi l’histoire des plusieurs communautés qui n’ont pas eu d’autres possibilités de s’installer là où on leur laissait une place. Il est intéressant de voir Nan commenter la chance que chacune de ses ethnies peut avoir d’habiter dans une nature aussi luxuriante qui leur offre toutes les ressources nécessaires à leur survie. Mais cette chance masque une forme de compromis passé avec le gouvernement thaïlandais pour que ces peuples puissent vivre selon leurs propres règles et coutumes à condition qu’ils ne soient pas dépendant du portefeuille des thaïlandais. L’accès à l’école, au salaire minimal et aux soins n’ont pas lieu d’être pour ces villageois pourtant ce sont autant de chemin qui mènent à la liberté. Le respect des traditions ancestrales n’est peut-être qu’un lot de consolation à condition qu’elles ne s’établissent loin de la vue des tous, tout au bout des chemins poussiéreux. Il est d’ailleurs très surprenant de voir autant d’ethnies différentes regrouper sur un aussi petit périmètre avec l’injonction de vivre en harmonie. Pourtant les différences sont saisissantes qu’il s’agisse de l’habitat, de la langue, de l’agriculture, des vêtements ou de la religion, comme si nous nous retrouvions au carrefour de 5 ou 6 pays complètement différents.
Dans le village chinois, nous retrouvons un petit temple, des lanternes rouges partout avec des inscriptions en chinois sur les portes des maisons. Nan nous explique qu’ils peuvent avoir 2 femmes. Ils sont plutôt spécialisés dans les plantations de thé.
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Chez les Lahu, où nous prendrons le café dans une maison traditionnelle (eau chauffée dans une bouilloire sur un feu de bois), les femmes sont vêtues de vestes noir et rouge et de jupes étroites, les hommes de pantalons flottants vert ou turquoise. Leurs habitations, constituées de bois, de bambou et d’herbes, sont édifiées sur de courts poteaux en bois. Ils sont polygames.
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Dans le village Akha, les maisons, en bois et en bambou, reposent sur des pilotis et leur toit est couvert d’un épais tapis d’herbes. A l’entrée du village, une statue en bois représente un homme et une femme aux organes démesurés qui rappellent la croyance Akha selon laquelle le monde des esprits exècre la sexualité humaine. Un porche en bois sommaire, deux montants surmontés d’un linteau, s’élève aussi à l’entrée du village; les chamans y fixent divers fétiches en bambou afin d’éloigner les esprits malveillants. Leurs vêtements traditionnels se composent de coiffes ornées de perles, de plumes et de pendentifs en argent.
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Les Karens vivent généralement un peu plus bas dans les vallées dans des maisons sur pilotis (elles ressemblent aux maisons lahu et akha de l’extérieur)afin de ne pas dormir au milieu des bêtes comme les cochons. Les karens ont une idée très simple pour repérer facilement les femmes célibataires qui portent une tunique à col en V blanche alors que les autres sont roses. Il suffisait d’y penser !!!