Voyage vers le centre de Java
Pour reprendre les mots du Lonely Planet, « chaque île indonésienne constitue une alliance unique d’individus ». Fort de ses 17000 îles étirées sur plus de 5000 km, il n’est donc pas surprenant que l’Indonésie nous offre autant de visages différents tant les diversités culturelles, religieuses, géographiques, économiques … sont nombreuses. Fraichement descendus du Kawah Ijen et du Bromo et donc hors des sentiers battus par les touristes, le trajet de Cemoro Lawang à Borobodur ponctué de pauses à Surabaya, Semarang et Wonosobo est l’occasion de véritablement découvrir Java.
Le fossé avec Bali est énorme ce qui demande un petit temps d’adaptation. A Java, les temples hindouistes laissent place aux mosquées et dès 5h du matin, les appels à la prière se multiplient et couvrent le chant du coq. Alors que Bali est presque entièrement dédiée à l’activité touristique, celle-ci apparaît au second plan à Java en dehors des gros sites touristiques comme Borobodur. Maintenant que nous sommes à Java depuis une dizaine de jours, Bali nous apparaît quand même comme un artifice, joliment coloré par la culture Balinaise.
Après le Bromo, notre objectif était de rejoindre progressivement Yogyakarta sans savoir ni comment ni par où. A 40 km/h de moyenne en voiture, il est difficilement envisageable de parcourir plus de 300 km sur une journée. Nous avons donc vite compris qu’il était indispensable de programmer quelques étapes. Nous choisirons d’entamer une boucle par le Nord centre de Java en passant par Surabaya où nous resterons seulement 2 heures, le temps d’attendre notre train jusqu'à Semarang, une étape à wonosobo à proximité du plateau de Dieng et enfin Borobodur et son exceptionnel temple Bouddhiste du 7 ème siècle.
Semarang, Bandungan, Wonosobo et Borobodur
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Semarang, le mélange des genres
Semarang est une ancienne ville coloniale qui garde encore beaucoup de bâtiments caractéristiques de cette période même si beaucoup sont à l’abandon.
C’est aussi une ville portuaire soit un carrefour pour les populations du monde entier. Nos premiers pas dans cette ville nous ont presque téléguidé directement vers le quartier chinois. C’est marrant car les enfants ont rapidement retrouvés leurs repères de Chine avec les temples, les tambours, les dragons…mais aussi les pratiques locales comme les lancers d’oiseaux accompagnés de prières…
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La suite de notre parcours nous emmènera dans un quartier très populaire avec son marché de rue très haut en couleur, en produits en tout genre, en odeurs aussi mais surtout en sourire.
1 km plus loin, nous nous retrouvons aux antipodes, dans un moderne centre commercial vendant les produits derniers cris dans un décor dédié à Noël. Nous serons surpris de voir, cette fois-ci, les yeux des enfants pétillés face à leurs repères occidentaux. C’est aussi un véritable symbole de la naissance du capitalisme dans un pays où le salaire moyen dépasse guère les 100 € par mois. Une rupture à la fois si proche et si loin des petits villages que nous avons traversés jusqu’à présent.
Nous en profiterons aussi pour nous rendre chez le coiffeur a coté de l’hôtel pour les 3 garçons mais cela s’avère un dégât capillaire mais tant pis, ça repoussera !
Direction le plateau de Dieng
Après 2 heures de route entre Semarang et Wonosobo, une pause s’impose à Bandungan, ville de moyenne montagne à 900 m d’altitude pour apprécier 9 petits temples hindous du 7eme siècle dissimulés dans la montagne avec des sources sulfureuses dégageant encore des odeurs de soufre.
Nous dormirons à Wonosobo et le lendemain, le bus local (très sympa) nous emmènera au plateau de Dieng.
Le plateau de Dieng est un peu l’oasis du centre de Java. Niché à environ 2000 m d’altitude et doté d’un climat humide et tempéré, l’activité est presque entièrement dédiée à l’agriculture. Chaque parcelle de montagne même les plus abruptes sont optimisées pour faire pousser tout genre de légumes y compris des pommes de terre, l’occasion de manger nos meilleures frites maison depuis très longtemps.
Ces cultures maraichères forment un paysage fabuleux mais depuis quelques jours le temps a changé. Les nuages et les quelques averses de pluie empêchent d’apprécier totalement ce panorama exceptionnel !
Le plateau de Dieng, c’est aussi surtout l’occasion de rester accrocher à l’activité volcanique de l’île en observant de nouveaux cratères, en contemplant des lacs colorés par le soufre, en humant les dégazages de la terre et en passant par des temples vieux de plus d’un millénaire. Un condensé de Java sur quelques km2 mais sans centre commercial.
Puis Borobodur
Borobodur est une étape incontournable pour tout voyageur de passage à Java. C’est un peu l’Angkor Wat du Cambodge ou le Bagan de Birmanie.
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Il s’agit d’un très vieux temple bouddhiste édifié entre 750 et 850. Après le déclin du bouddhisme, celui-ci fut oublié et surtout enseveli sous des mètres de cendres en raison des irruptions répétés du Merapi s’élevant juste en face. C’est seulement au début du 19ème siècle que ce dernier a pu renaître de ses cendres. Nous sommes forcément bouche bée devant cet assemblage minutieux de ces 2 millions de blocs de pierre qui en disent long sur l’ingéniosité et le courage des innombrables hommes qui ont du oeuvrer à l’époque pour sa construction. L’ensemble est assemblé en forme d’une immense stupa (structure en forme de cloche qui abrite des reliques de Bouddha) symétrique qui épouse parfaitement la colline, à l’image des volcans qui l’entourent. Mais Borodur, c’est un peu le musée de l’érotisme. On peut y apprécier de centaines de sculptures de scènes charnelles représentant un monde dominé par la passion et le désir. Dans la religion bouddhiste seuls les bons sont récompensés par la réincarnation. Je ne pense pas que cela aurait pu m’arriver ayant principalement le regard attiré par ces reliefs érotiques.
Forcément, ce dédale cosmique ne laisse pas insensible y compris la centaine de stupas renfermant des Bouddha disposés sur le dôme de l’édifice où l’on accède comme au nirvana. On se sent bien au Nirvana ! Pour ceux et celles qui ont l’intention d’y aller, sachez qui si vous allez dès 6h30 à l’ouverture du temple vous serez qu’une poignée de touristes, essentiellement des français (surprise !) à partager l’orgasme cosmique. 1 heure plus tard des centaines d’étudiants javanais prendront place à vos côtés. A vous de voir en fonction de vos préférences !
Nous en profiterons également pour visiter l’industrie locale comme la fabrication de Tofu (Paul vous en dira plus), la poterie et le batik. De nouvelles découvertes que les enfants et nous-même avons pris le temps d’apprécier.
Car il faut se l’avouer, depuis 10 jours, nous enchaînons un peu. La fatigue et l’énervement se fait un peu plus ressentir et la promiscuité n’est pas toujours facile à vivre. C’est aussi ça le voyage, il y a des hauts et des bas. N’est pas kidtrotteurs qui veut...