Nusa Lembongan : Ile de rêve et de travailleurs et travailleuses
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L’improvisation devient le maître mot qui guide notre voyage. Allez où bon nous semble selon les envies et l’inspiration du moment. Nous avons le temps devant nous donc autant nous laisser porter. C’est aussi ça le bénéfice d’un voyage au long court, quand cette possibilité d’improviser nous permet d’approcher de plus grands espaces de liberté.
Matinalement débarqué à Denpaser par notre vol retour depuis Labuan Bajo (arrivé même en avance), une question se pose alors à nous : Où allons-nous ? Pourquoi pas Nusa Lembongan et ses moissonneurs de la mer ? OK. Mais comment y aller ? Des bateaux partent depuis Sanur. Si nous arrivons avant 10h30, nous pouvons éviter de prendre le speed boat, beaucoup plus rapide mais plus cher que le Perama.
1 heure après avoir atterri nous voici donc sur le bateau au milieu d’un océan indien que nous pouvons qualifier d’agité. Eh oui, si Bali est reconnue pour être un excellent spot de surf, c’est qu’il y a des vagues… Nous voilà donc parti pour surfer à bord d’un vieux bateau pas franchement rassurant. Valérie, au bord de la crise de panique, se remémore avoir lu que cette traversée a donné lieu à de nombreux naufrages… avec la compagnie Perama (Ah oui, c’est celle qu’on vient de prendre). C’est dans ces moments que les séances de préparation à l’accouchement trouvent leur utilité. Souffle, souffle ma chérie, ça vient bien se passer.
Effectivement la mer n’était pas plus agitée qu’un autre jour et nous arrivons sain et sauf sur la grande plage de Nusa. Pas de port, pas de ponton, c’est donc directement les pieds dans l’eau que nous débarquons. Nous récupérons nos bagages sur la plage. « Mais… Paul, où est ton sac ? », « Je ne sais pas », « PAuuuuul, ton sac ! », « Bah, il était dans le bateau », « Paaaaauuuuuul, tu es sûr de ne pas l’avoir laissé dans le taxi ????? », « Mais oui ». (C’est juste le sac dans lequel nous avons tous les cours pour 6 mois. Et si c’était un complot des gars pour éviter de travailler). Non, ce n’est résolument pas un complot mais un petit moment d’inattention qui laisse le temps au voleur de s’éclipser tranquillement. Ca peut arriver n’importe où sauf que là, il y a plein de témoins de cette scène qui doit se produire quotidiennement. Nous commençons à en discuter avec ces 38 témoins en leur expliquant que ce sac est important pour nous. Il n’y a pas d’objets de valeur, que des cours en français. On nous dit de patienter, quelqu’un donne des indications au capitaine du bateau qui part en scooter et revient 10 minutes après avec le sac…
Bon… Maintenant où dormons-nous ce soir ? Plutôt pas mal ces deux petites chambres face à la mer…
Oui, plutôt pas mal, pas seulement pour le paysage, mais parce que la vie ici se déroule surtout sur la plage, avec les moissonneurs de la mer (nous y reviendrons), les porteurs (surtout des porteuses rajoute valérie) qui déchargent les bateaux des lourdes denrées alimentant l’île et puis les enfants qui profitent des joies de la mer après leur journée d’école. Nous en profitons pour nous mêler à la troupe et partager quelques instants ludiques avec les jeux achetés en Chine. Nous voilà ambassadeur des jeux chinois en Indonésie; c’est un peu le monde à l’envers.
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Les jours qui suivent, nous louons deux scooters (Il y a un peu moins de place que dans le C8 mais nous arrivons à prendre place la famille au complet) pour partir à la découverte de cette magnifique île et du lagon bleu de sa petite voisine Nusa Ceningan.
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Même si nous apercevons difficilement le Mont Agun (volcan sur l’ile de Bali, le plus haut sommet), les paysages sont à couper le souffle. Petites criques, falaises, dream beach et mer turquoise à l’aurée d’un petit village de maisons tissés avec des feuilles de cocotiers…Les vagues sont énormes!!
Nous en profitons pour faire une halte dans une école où la joie de ces petits insulaires intimidera nos trois mecs. Les échanges sont un peu compliqués mais parfois le sourire suffit pour communiquer.
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Nous irons également à la découverte de la mangrove avec un pêcheur et en s’essayant au stand up paddle.
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Mais ceux qui attirent notre regard à Nusa Lembongan, ce sont les moissonneurs des mers. En effet, 85% de la population travaille à la culture des algues pour extraire de celle-ci la carragheen. Il s’agit d’un émulsifiant utilisé pour épaissir les glaces, le fromage et d’autres produits laitiers. Il est également utilisé dans certains produits cosmétiques. Mais ici comme ailleurs ce sont les femmes qui sont occupées à ce travail intense et harassant pour lequel tout se fait manuellement. Comme quoi, les inégalités de genre face aux conditions de travail n’ont pas de frontières malheureusement.
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Ces algues séchées, rouges et vertes qui colorent notre route sont ensuite exportées dans le monde entier, à partir d’un point d’embarquement qui se trouve sous nos yeux devant notre hôtel.
Mais forcément, ce spectacle ne nous rend pas spécialement à l’aise, à part les enfants qui profitent toujours pleinement de l'instant présent. Car à l’industrie des algues se superpose l’industrie touristique, deux activités bien distinctes qui dessinent une frontière dans l’île. A l’arrière plan de nos hôtels se déploient les très modestes maisons des moissonneurs et des porteurs. Nous sentons donc ici un territoire en pleine mutation où l’authenticité de l’île est peu à peu reléguée au second plan pour assouvir en priorité notre désir de sable blanc et d’eau turquoise. Il est donc très probable que cette autre forme d’inégalité (dont nous sommes responsables) façonne une île très différente dans les années à venir.